Ouvrir la voix...

J'ai longtemps hésité avant décrire cet article. Je ne savais pas trop comment il pouvait être perçu mais en même temps, il parle de moi.
Comme vous le savez , mes parents dont originaire d'Afrique, plus précisément de la République Démocratique du Congo (ex Zaire /ex Congo Belge) .

Je suis née en France et durant mon enfance et mon adolescence, j’ai été confrontée à des situations difficiles du fait de ma couleur de peau plus proche de l'ébène que de l'ivoire. 
Enfant, mes parents me disait toujours que je devais et que je devrais toujours en faire plus que mes camarades de classe. Je ne comprenais ce qu'ils me disaient. Ce discours me semblait faux et surtout d’un autre temps. Ça ne pouvait plus être la même chose qu’il y a 20 ou 30 ans. 
Et pourtant… 
Il s'est révélée tellement vrai au quotidien car j'avais l'impression que ce que je faisais n'étais jamais assez bien, que je devais toujours en faire plus pour que l'on me voit enfin. J'ai fini par m'habituer à cette situation...



                                                                                   Source Allocine



Récemmentj'ai eu la possibilité d’aller voir le film " Ouvrir la voix" d'Amandine Gay. Un film documentaire qui laisse la parole aux femmes afro descendantes. 
Et ça a été une révélation .

Je n’avais pas été la seule à vivre ces situations difficiles, la difficulté de se retrouver dans une société qui ne vous reconnaît pas. Qui nie presque votre existence..J'ai eu l’impression de me sentir moins seule. 
Ce film ne parle pas que de l’enfance, il parle aussi de la manière dont la femme noire est vue en France. 
Il y a eu tellement de moment où je me suis sentie en décalage, pas à ma place car on me faisait me sentir différente. Le rapport que l’on a à notre beauté et aux canons de beauté désignés par la société.  Canon auxquels je ne ressemble pas et auxquels je ne ressemblerais jamais ! 




Source : Allociné



En grandissant, il m'a fallu trouver ma manière à moi d’être jolie car je n’avais aucun modèle tangible ( et non Naomi Campbell n'est pas le modèle de toute les jeunes femmes noires) auquel me référer. Ça n'a pas été facile .
Aujourd’hui encore , ce n'est pas évident. Rapport à notre chevelure. Notre cheveu crépu tellement éloigné du lisse européen mais quasiment invisible dans nos médias actuels.  
Pas évident de pouvoir sortir sa crinière sans se voir interroger ou toucher les cheveux sans notre consentement.  Personnellement, je ne me permets pas de toucher les cheveux de mes amies caucasiennes, même lorsqu'elles sortent de chez le coiffeur.

Au travail, là encore, on peut se heurter à des difficultés. L'afro pouvant être jugé trop imposant, pas assez corporate 
Tellement de remarques et de critique... C'est compliqué à gérer lorsque l'on est une jeune femme en pleine construction, difficile d'avoir réellement confiance en soi.
  

                                                                              Source: Tv5monde


Mais avec le temps, j’ai appris  à l’apprécier et à créer mes propres codes. 
Ce film m'a montre que nous étions nombreuses dans ce cas. Il m'a rassuré: j'étais tout à fait normal et ce n'était pas honteux de ressentir ce mal-être.
Il donne de la force pour avancer, continuer à s’émanciper et à grandir en tant que femme noire vivant en Occident. 

Avez vous vu ce film? Qu'en avez vous pensé?

A bientôt

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